samedi 15 décembre 2007

Logements vides: à l'abordage!

L’hiver approche à grands pas. Et avant de devoir subir les « marronniers »de nos télévisions nationales sur les « pauvres sans-abri », démêlons le nœud d’un problème sociale et politique. Pourquoi y a-t-il tant de logements vides à Bruxelles alors que de nombreuses personnes dorment encore dans la rue ? Et pourquoi se retrouve-t-on face à l’absence de mesures politiques concrètes pour améliorer la situation ? Entrevue avec José Garcia, Secrétaire Général du Syndicat des locataires.




Nous ne sommes donc pas face à un problème de nature spatiale. La nécessaire relation entre logement et sans-abri se doit d’être mise en place. Il faut toutefois prendre en compte que sur ces 5000 biens immobiliers, certains propriétaires ne sont pas en mesure de les aménager. On ne peut éluder que des aides régionales existent dans ce domaine. Mais est-ce suffisant ? Et existe-t-il une législation fédérale en la matière ?


Cette loi n’aurait jamais été appliquée. En effet, quel bourgmestre souhaiterait voir sa commune prise d’assaut par la « plèbe sans toit » ? Et c’est donc le monde associatif qui se bouge pour trouver des solutions, aider ces gens. Le syndicat des locataires en fait partie. Suite à l’absence de volonté politique de faire appliquer la loi, c’est, dans premier temps, en sortant de la légalité que la voix des sans-abri va se faire entendre.

En début des années 2000, l’occupation d’un immeuble vide, boulevard de Waterloo, va faire jurisprudence. Si dans ce cas, l’occupation leur sera interdite, un pan de la loi prévoit que si l’immeuble appartient au pouvoir public, ce pouvoir est dans l’obligation de pourvoir un toit aux occupants, moyennant un loyer minimum. L’objectif du syndicat des locataires dépasse la simple action ponctuelle souhaiterait voir appliquer un plan en trois étapes successives.


Reste qu'apparement, même si ce programme est loin d'être irréalisable, la sacro-sainte loi qui consacre le droit à la propriété privée, ne permet pas d'obliger qui que ce soit à faire appliquer cela de bon coeur? De deux choses l'une: soit le pouvoir publique tente de faire passer une loi en ce sens ( ce qui paraît peu probable); soit une solution peut être envisagée pour les personnes qui ne demandent au fond qu'un accès à un des droits humains les plus fondamentaux (un toit): l'occupation! A l'abordage!!



A.S - C.V - J.H

mercredi 12 décembre 2007

Le décret Inscription envers et contre TOUS ?

Le décret inscription de la ministre présidente de la Communauté française en charge de l'Enseignement obligatoire, Marie Arena, a rencontré de vives oppositions. Un bilan et une prise de distance s’imposent.

Des parents faisant la file devant certaines écoles, emmitouflés dans leurs grosses vestes, les cernes jusqu’aux genoux et la rage au ventre, c’est ce que l’on aura pu constater dans les médias ces derniers jours. Mais encore une fois, la presse n’a-t-elle pas attisé la colère de l’opinion publique ? Pour sûr, on aura pu lire ou entendre les propos des parents opposés à ce décret ou de ceux qui ont tout simplement les moyens de clamer leur indignation.

Reste à savoir si ce sont les files rencontrées dans 3 % des écoles et les quelques problèmes administratifs rencontrés dans 5% d’entre elles dont il faut parler. Finalement, savoir que Monsieur X a apporté des croissants chauds à Madame Y ne nous importe guère. Mais combien de personnes savent ou du moins, veulent bien savoir que notre enseignement, selon les chiffres de l’OCDE, serait l’un des plus inégalitaires ? Que nous avons, en Belgique, une ghettoïsation des écoles (surtout à Bruxelles et en Brabant wallon) ? Désormais, le premier arrivé est le premier servi et plus question d’invoquer des motifs suspects pour refuser un élève à l’entrée. Malheureusement, il existe d’autres mécanismes et filtres pervers qui sont quasi incontrôlables et visent le tri des élèves. Nous y reviendrons.

Accès à une « bonne école » ? Un droit !

On ne retire pas le droit aux parents de choisir l’école de leur enfant, au contraire, on le donne à tout le monde. Et c’est sans doute ceux à qui le système profitait auparavant qui s’indignent le plus. Cependant, certains parents ne savent parfois pas se déplacer pour faire la file dans les 3% des écoles qui posent problème. Mais nous sommes en droit de nous demander ce qu’est, finalement, une « bonne école ». Peut-être faudra-t-il, à l’avenir, améliorer certains points pratiques.

Vers plus de mixité sociale

Le décret ne pourra sans doute pas changer énormément la situation. Et il aura provoqué beaucoup de stress. Laissons le mécanisme se mettre en place pour mieux en juger et attendons d’autres chiffres pour comparer la nouvelle situation avec la précédente. Mais une constatation est indéniable ; certains mécanismes pervers qui visent le tri des élèves existent et existeront sans doute toujours. On parle par exemple de voyages et de fournitures scolaires exorbitants ou de certains directeurs d’écoles qui dissuadent des parents d’inscrire leurs enfants dans l’école de leur choix. Quel parent, qui aime son enfant, voudrait que celui-ci soit rejeté par ses petits camarades de classe ? Quelques uns cependant franchissent courageusement la porte. Alors, beaucoup de bruit pour rien ? Pas vraiment. Le décret a au moins le mérite d’ouvrir le débat sur les inégalités au sein de l’école. Mais un réel travail de terrain reste à fournir, pour autant que nos espoirs ne soient pas vains, le jour où des écoles privées proliféreront dans nos contrées.

Un travail de terrain, encore et toujours

Responsabiliser certains parents quant à l’importance de l’éducation, revaloriser la profession d’enseignant, stopper l’élitisme professoral réservé aux « bonnes » écoles, améliorer la qualité de l’enseignement, encadrer les élèves qui ne disposent pas d’une aide parentale,…Autant d’objectifs que visent certaines associations. Le MRAX (Mouvement contre le Racisme, l’Antisémitisme et la Xénophobie), Infor Jeunes, le Cégé (Changement pour l’égalité), et le SDJ (Service Droit des Jeunes) soutiennent en effet ce décret comme étant un premier pas prometteur, mais pas suffisant. Il faut quotidiennement fournir un réel travail de terrain pour qu’à l’avenir, on ne retrouve pas que les personnes dites « favorisées » dans les files et les élèves de bonnes familles dans les « meilleures classes ». On leur souhaite bon courage… D’autant que les mentalités ne changeront pas d’ici demain et que les vertus de la mixité sociale continueront d’être perçues par certains, comme un nivellement par le bas.

J.B.

lundi 10 décembre 2007

Kleine Dorothée

Le titre choisi, « Petite Dorothée» ("kleine" veut dire petite en flamand, je traduis pour les francophones qu’Yves Je-ne-serai-jamais-1er-ministre Leterme avait prétendus trop faibles intellectuellement pour apprendre le néerlandais), fait référence à la rédactrice en chef du Vif-L’Express. Elle qui a écrit un éditorial catastrophique dans son magazine, sorti le vendredi 7 décembre.

La semaine précédente, son éditorial était titré « La presse n’a pas tué la Belgique ». Elle y défendait les médias dominants qui ne seraient pas, selon elle, « les fossoyeurs de la Belgique ». Les médias ne mettraient donc pas de l’huile sur le feu de cette crise sans fin. A dire vrai, nous en doutons. En jouant sans cesse sur cette dualité entre les politiciens des deux grandes régions de notre pays, la presse joue bien ce rôle morbide. Encore une fois, nous sommes convaincus que la population ne veut pas ou, ne voulait pas, cette scission…jusqu’à ce que les médias flamands ne soient les relais des idées d’une élite flamande. L’envie d’indépendance côté flamand est le fruit des connivences entre certains patrons d’entreprises et la classe politique du Nord. Mais n’était-ce pas là que les médias qui ne sont pas, à la base, d’accord avec cette revendication flamande, auraient du tout faire pour diluer cette information, la réfuter en bloc ? Hé bien, six mois après la crise, le Vif retourne sa veste. Car, alors qu’elle réfutait ce rôle de fossoyeur du pays, Dorothée Klein… n’est plus cohérente avec elle-même. L’éditorial de ce vendredi 7 décembre en est le reflet pur et simple. Quelques extraits : « La Belgique est condamnée, il est temps pour la Flandre et la Wallonie de briser les tabous historiques (…) Le montant exact des transferts de la Flandre vers la Wallonie est controversé. Quoiqu’il en soit, le total des transferts est, de toute façon, trop élevé. Et il a été longtemps trop minimisé, voire nié par les francophones. Les Flamands en ont tiré du ressentiment. En contrepartie, ils n’ont reçu ni pouvoir supplémentaire ni remerciements(…) La Belgique dans sa forme actuelle est condamnée. En six mois de crise, le fossé s’est creusé entre le Nord et le Sud. »
Oui, le fossé s’est creusé ! Alors pourquoi ne pas le reboucher avec un peu de bon sens ? Il faut nous expliquer, ce à quoi mènent ces propos si ce n’est, à rajouter de l’eau au moulin des nationalistes flamands et…à porter un rude coup à la Belgique. Apparemment, du côté du Vif, on ne se rend plus compte qu’insister sur l’union des deux communautés serait une preuve que deux cultures différentes peuvent coexister. Une élite flamande plus occupée à compter son argent qu’à autre chose, des médias qui se résignent après six mois à leur laisser le champ libre : est-ce vraiment ce que les belges veulent ? Est-ce vraiment le rôle du Vif de se laisser à aller à ce genre de défaitisme ? Là où cela va loin c’est quand Dorothée Klein clame que : « Ce n’est pas la fin de la Belgique. Les Flamands, dans leur majorité, ne sont pas séparatistes, car ils ne veulent pas lâcher Bruxelles. » Tiens, tiens les Flamands « dans leur majorité » ! Venons-y, a ce raccourci : donc dans leur majorité, les flamands veulent une réforme selon les sacro-saints sondages… mais, ne veulent pas abandonner Bruxelles. Oui, sauf que vous vous trompez madame, les HOMMES POLITIQUES FLAMANDS ne veulent, en effet, pas lâcher Bruxelles… pour des raisons financières ! Arrêtons cette hypocrisie de tirer des conclusions des sondages sur un fait et d’en tirer d’autres, en élargissant la volonté d’une poignée d’hommes aux Flamands. A moins que vous ne subissiez des pressions de la part de vos patrons… flamands (le groupe Roularta)? Parce qu’enterrer la Belgique comme vous le faites, après avoir réfuté de l’avoir fait, cela semble bizarre, non ?
Sans rancune mais, vous ne jouez pas votre rôle : celui d’expliquer aux gens (remarquez, je n’utilise pas « belges »), de leur montrer que nous ne gagnons rien avec une scission en vous concentrant uniquement sur la médiatisation des querelles puériles de nos politiciens… Klein(e) Dorothée, disions-nous…

A.S et S.C.

mercredi 28 novembre 2007

Pollution sociale : le naufrage de l’enseignement















« Un diplôme, un avenir ! » La plupart des parents bercent leur enfant de cette phrase, pleine d’espoir certes, mais aussi complètement mensongère. Si tous les enfants naissent libres et égaux, en quelques secondes d’existence les rouages de la discrimination se mettent en marche. Même dans un domaine aussi fondamental que l’enseignement.

Le 1er juillet 2007, l’ensemble des chiffres relatifs à l’enseignement pour l’année 2006 a montré que notre système éducatif était loin d’être l’un des plus performants en Europe. En effet, tant dans l’enseignement primaire que secondaire, le bilan est alarmant et choquant.
Ainsi, en primaire, si le redoublement a baissé dans toutes les années sauf en cinquième et en sixième, le bilan chiffré de la Communauté française montre que 6% des élèves redoublent encore leur première année primaire alors qu’autant échoue en deuxième. Sachant que les nouvelles réglementations obligent les enfants ayant doublé deux fois à continuer leur cursus jusqu’en sixième, et cela même s’ils n’arrivent plus à suivre, on comprend en grande partie les dégâts observés dans les premières années de l’enseignement secondaire.

Le constat est encore plus sombre dans l’enseignement secondaire où toutes les classes sont en augmentation de redoublement sauf en quatrième. Les troisième et cinquième années sont les plus touchées avec respectivement 19,2% et 17% d’échecs. Si dans l’enseignement général, le taux de redoublement stagne autour de 10%, l’enseignement technique atteint des chiffres épouvantables : 23,2% en troisième et 20% en cinquième en technique de transition ; près de 30% des élèves échouent en troisième année en technique de qualification. Ne parlons même pas de l’enseignement professionnel… Chez nous, le redoublement est une véritable institution comme un bon paquet de frites : six élèves sur dix rateraient au minimum une année de leur cursus scolaire dans l’enseignement secondaire. Seulement 40% d’élèves peuvent donc prétendre avoir effectué sans entrave leur parcours scolaire.
Mais le plus inquiétant à travers ces chiffres est d’observer que le redoublement n’est pas une stratégie pédagogique efficace puisque les élèves continuent à ne pas atteindre les compétences fixées dans les programmes scolaires officiels. Pourquoi alors continuer à faire redoubler les élèves ? Tout simplement parce que la politique éducative actuelle voit dans le redoublement un moyen efficace et menaçant pour gérer les classes. Ce qui est loin d’être un avantage tant pour les élèves que pour les enseignants.

Publié en 2006, le dernier rapport P.I.S.A. (Programme international pour le suivi des acquis des élèves) auquel participent 32 pays avec la coordination de l’O.C.D.E. (Organisation de coopération et de développement économiques) dévoile de très mauvais résultats pour la Belgique dans de nombreuses matières indispensables telles que le français ou les mathématiques. Le document révèle surtout des écarts extrêmement élevés entre les élèves autochtones et les allochtones. Une étude réalisée fin 2006 par l’Aped (Appel pour une école démocratique) démontre que cette situation découle principalement du statut social des élèves issus de l’immigration ainsi que de facteurs proprement ethniques, culturels ou linguistiques. Ainsi, un enfant étranger qui est confronté à la langue française uniquement à l’école alors que chez lui sa famille ne parle que leur langue maternelle va inévitablement rencontrer des difficultés dans l’apprentissage et la maîtrise du français, ce qui entraîne indubitablement des problèmes d’intégration sociale.


Des témoignages qui en disent long
Si les statistiques sont là pour démontrer que notre enseignement est aux soins intensifs depuis de nombreuses années, il est également indispensable de prendre en compte la réalité du terrain. Chaque jour, nos écoles sont victimes d’une politique éducative désastreuse qui engendre de plus en plus de dommages collatéraux : vols, menaces, intimidations, agressions physiques et/ou verbales,… Si les politiques minimisent les faits et que les médias ne parlent que de certains événements sensationnels tels que l’agression au couteau d’un directeur d’établissement scolaire à Dinant en janvier 2007, certains enseignants osent prendre la parole pour raconter leur quotidien. Souvent surprenant, parfois effrayant. « J’enseigne depuis plus de trente ans en technique et en professionnel. Lorsque j’ai démarré ma carrière, la discipline et le respect envers le corps enseignant disparaissaient lentement. Les différentes mesures prises par les gouvernements successifs n’ont fait que détériorer l’éducation nationale. Comment peut-on tolérer que des élèves réussissent leur année avec des échecs importants en juin ou en septembre. Je me rappelle le cas d’une étudiante qui avait obtenu 0 sur 100 à son examen de mathématiques en seconde session et qui est pourtant passée en quatrième année professionnelle. Ce genre d’événements est courant et totalement inacceptable. Rendons-nous service aux jeunes en fonctionnant de cette manière ? Je n’en suis pas du tout convaincu car plus les années passent et plus le niveau scolaire des élèves s’effondre », raconte André, un professeur qui a voulu conserver l’anonymat. Même dans l’enseignement, les mouchards ne sont pas bien vus. « Il m’est déjà arrivé d’avoir à travailler avec des directions qui demandaient à leurs personnels de ne rien dévoiler de négatif sur leur école afin de ne pas nuire à leur réputation », ajoute ce vieux professeur qui confie ne plus prendre aucun plaisir à enseigner.
Nadine (nom d’emprunt) est une jeune enseignante de la région montoise. Depuis plus de huit ans, elle accumule les remplacements dans l’enseignement secondaire mais sa motivation et son énergie ne font que décliner au fil du temps : « Il m’est déjà arrivé de mettre fin à un remplacement tellement je me sentais mal à l’aise face à la violence et à l’agressivité des élèves », confie-t-elle à voix basse. « Ma voiture a déjà été griffée par un élève, j’ai été insultée et menacée. Maintenant, quand je vais travailler, j’ai peur. Il n’y a plus de respect pour les enseignants tant de la part des élèves que des parents. De plus en plus, tous les maux sont attribués aux professeurs. Mais est-ce compréhensible d’avoir des élèves entre 18 et 20 ans en troisième année ? J’en ai même eu qui avaient fait de la prison ou étaient surveillés constamment par la police. Actuellement, je ne me vois pas terminer ma carrière dans l’enseignement. Lorsque j’ai débuté, je voulais enseigner et non pas effectuer des séances de gardiennage. Maintenant j’ai peur de ce qui pourrait un jour m’arriver en classe. »

Des causes mutliples
Les situations de ces deux professeurs ne sont pas des cas isolés. Au contraire, ils témoignent d’un mal-être qui se répand de plus en plus dans le monde enseignant et gangrène l’éducation à tous les niveaux. Si des facteurs socio-économiques, culturels et linguistiques peuvent en partie expliquer l’effondrement du niveau scolaire, d’autres éléments d’une importance capitale sont à prendre en compte : la démobilisation des parents, le manque de motivation des élèves, la perte des valeurs primordiales (respect, tolérance, solidarité,…), les défaillances de la politique éducative belge contemporaine qui transforment nos écoles en usines à tri social,…
La situation est malheureusement loin de s’améliorer comme le montrent les nouveaux règlements relatifs à l’inscription d’un élève tant dans le primaire que dans le secondaire. Bientôt, on en viendra à choisir une école pour notre enfant comme dans un catalogue publicitaire… avec d’un côté des établissements d’excellente qualité pour la minorité riche de la société et puis, des institutions de moindre valeur pour les autres. L’inégalité scolaire n’est pas une utopie, c’est, malheureusement, la triste réalité.
J.D.

lundi 19 novembre 2007

Après les centres fermés, un pas en plus vers le déni de liberté: Les ados derrière les barreaux ?

La Belgique est déjà connue à l’étranger pour enfermer les enfants d’immigrés clandestins au même titre que les adultes (Combien d’enfants sont détenus dans les centres fermés ?). Lors du volet justice durant Des enfants russes en prison: bientôt pareil en Belgique?

les fastueuses négociations de l’orange bleue, certains élus ont émis la proposition de pouvoir juger et emprisonner les jeunes dès 14 ans. Et pourquoi pas dès l’âge de la maternelle ? Le président français (Nicolas Sarkozy), jadis ministre de l’Intérieur, avait bien proposé de dépister la délinquance chez les jeunes dès l’âge de… 3 ans. Bienvenue chez les fous !


De nombreux pays d’Europe adoptent des mesures de plus en plus répressives à l’égard des jeunes délinquants. On essaie de les mettre de plus en plus jeunes derrière les barreaux.
Apparemment, ce serait la solution miracle aux problèmes d’insécurité qui préoccupent de plus en plus les gens. Ils font des bêtises d’adultes, punissons-les comme des adultes! Tous en prison, c’est tellement plus simple, entend-on régulièrement !
La Belgique n’échappe pas à la règle. Dans le cadre des pénibles négociations pour la formation de notre gouvernement, nos élus se sont chamaillés sur la justice et, même sur un point particulier : doit-on, ou non, diminuer l’âge minimal (de 16 à 14 ans) des auteurs de certains délits graves pour permettre au juge de renvoyer un jeune vers les tribunaux pour adultes et, éventuellement, les mettre en prison si rien d’autre n’est possible ? Va-t-on enfermer, condamner notre jeunesse car, celle-ci serait irrécupérable ? Ce serait un aveu d’échec.
Heureusement cette proposition n’est pas passée. Mais il est tout de même grave que certains hommes politiques proposent comme solution à l’insécurité d’enfermer des adolescents de plus en plus jeunes. Car l’histoire nous a bien montré que l’enfermement pour les jeunes « irrécupérables » fait plus de tort que de bien. S’il est vrai que les délinquants de faits très graves doivent être punis, les enfermer ne les sauvera pas et, dans quelques années, tout sera à recommencer.
Le rôle d’un Etat est effectivement d’assurer la sécurité de ses concitoyens, mais également d’aider ceux qui sont en difficulté. Juges de la jeunesse, éducateurs, professeurs, tous les acteurs de terrains sont d’accord sur ce point : un jeune délinquant, il faut le punir, mais aussi l’aider à se racheter et à se réinsérer dans la société. C’est aussi donner des moyens et des infrastructures pour aider tous ces acteurs qui font un travail formidable pour les jeunes. Un moniteur a bien plus de choses à apprendre à un jeune qu’un gardien de prison.
Enfin, n’oublions pas que la Belgique a ratifié la Convention Internationale des Droits de l’enfant en 1989. Cette convention stipule bien que l’on ne peut juger un mineur délinquant comme un adulte.
Si pour le moment on ne parle que de mineurs auteurs de faits graves, l’Histoire nous a déjà montré que l’adoption d’une loi répressive est une porte ouverte pour une autre qui le sera encore plus, etc. Au final, le voleur de chocolat finira comme le meurtrier… sous les verrous. Ce serait tellement plus facile !

J.A.

vendredi 16 novembre 2007

On nous prend pour des cons!

Je ne commencerai pas ce papier par le traditionnel "X jours sans gouvernement" parce que, désormais, le record est battu. Je commencerai plutôt par vous dire que nous sommes pris pour des débiles. Suivez le raisonnement.
D'un côté, on nous sort les arguments nationalistes. Il y a encore quelques mois, une grande majorité de flamands ne voulait pas entendre parler de disparition de la Belgique. Mais, les hommes politiques flamands, à force de travail de sape, en ont fait l'élément central de leur politique. Ils ont normalisé le discours nationaliste, par une intégration de personnages venus d'anciens partis nationalistes (la Volksunie par exemple). Et pourquoi le CD&V (les chrétiens démocrates flamands) a mieux géré les élections? Simplement parce que ce parti a carrément formé une alliance électorale avec la NVA (littéralement Nationale Vlaamse Alliantie).
Résultat: avec une banalisation de la crise nationaliste qui secoue le milieu politique flamand, l'avenir de ce pays est en danger. Pourquoi les flamands sont pris pour des cons? Parce que leurs partis politiques leur font croire que la scission de l'arrondissement judiciaire de BHV (Bruxelles-Hal-Vilvoorde) et la persistance dans la voie du séparatisme de la Belgique vont changer leurs vies. Je pose la question à un habitant néerlandophone de Wemmel (par exemple): hormis l'argument nationaliste de l'emploi de la langue, qu'est-ce que ça change pour lui que l'arrondissement soit coupé? Il va me dire que les francophones ne pourrons plus voter que pour des élus flamands... Oh Dieu quel changement! Pourtant, dans les démocraties, on essaie un maximum que le peuple soit au mieux représenté. C'est comme si les Wallons voulaient la scission de la Belgique parce que le Premier ministre est toujours flamand: un non-sens!

De l'autre côté, les Wallons. Par qui sont-ils représentés? Par un leader du Mouvement Réformateur (MR) qui est prêt à tout compromis pour aller au pouvoir. Il aurait même accepté de fermer les yeux sur le vote de la scission de BHV pour continuer à négocier l'Orange-Bleue. Ha oui, j'oubliais de vous parler de ce fruit pourri qu'est désormais l'Orange-Bleue: une coalition de centre-droit qui a déjà reçu la chance de se refaire, à maintes reprises... sans résultat! A quoi bon continuer si ce n'est, pour s'enliser dans une crise irréversible.
Pour en revenir sur le côté francophone, force est de constater que personne n'est en mesure de s'imposer à un point tel que les négociations ne reprennent même plus. Entre un MR à l'ambition dévorante, un Centre Démocrate Humaniste (CDH) qui n'ose pas dire qu'il quitte les négociations,... rien ne va plus.

Et là où l'on nous prend toujours plus pour des idiots, c'est qu'un côté ne négociera pas une réforme des institutions de la Belgique, et l'autre ne veut négocier qu'à partir de cette réforme.
On est pas sortis de l'auberge... Et dire que l'enjeu principal de notre société est de pouvoir vivre ensemble! Les vrais problèmes sociaux en Belgique continuent donc d'être occultés par l'ivresse que procure le sentiment nationaliste Flamand, aux nouveaux leaders du Nord du pays. Je ne pense décidément pas que pour le citoyen moyen, la scission de la Belgique changera quoique ce soit en bien...Vous, Moi, Nous...sommes décidément pris pour des cons. Vive la Belgique!

A.S.